Où l’esthétisme à la japonaise…
…qui réside dans la beauté rustique des choses, imparfaites et impermanentes !
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L’imperfection est perfection
Le wabi sabi s’accommode de l’usure du temps et du roulement des saisons. Tout s’altère et disparaît. Une forme d’humilité devant ce que l’on ne contrôle pas. Il est issu des principes bouddhistes et taoïstes.
Sa philosophie : la beauté peut surgir à tout moment, du banal, de la « laideur ». la beauté est suggérée.
Il y a de la beauté dans l’imparfait, dans l’éphémère.
Wabi est une notion plutôt abstraite de simplicité, de solitude, de dissymétrie et d’humilité face aux phénomènes naturels.
Sabi est plutôt une notion subjective de la transformation inévitable des choses.
L’ensemble représente une sorte de beauté spontanée et imparfaite qui existe en toutes choses. Toujours centrée sur la nature, cette perception est très subtile et rendrait l’existence de l’Homme plus douce et harmonieuse.
Par opposition à la beauté occidentale, lisse et superficielle, où l’altération est davantage considérée comme laideur. Ici on entre dans l’essence même des éléments, en profondeur.
Je trouve cette idée plutôt séduisante, comme une sorte d’acceptation du temps qui passe et crée l’harmonie.
Observation de la nature
Avec la rouille, la patine, la déformation, voire même les fissures, ces objets du quotidiens suivent inexorablement leur processus naturel d’usure. On ne parle pas d’objets de déco, mais d’objets usuels. Attention, pas austères ni ennuyeux, mais utiles et uniques ! Cette notion sous-entend que pour les apprécier il faut les utiliser.
On est bien loin du service de table de nos grands-parents que l’on n’utilisait pas pour éviter de l’abîmer !
À l’origine, un maître du thé qui bouscula les codes et compta parmi les personnes les plus influentes du Japon.
Ce concept, bien que présent dans l’art japonais au sens large, doit son origine à Sen no Rikyu (1522 – 1591). Issu d’une famille de simples marchands de poissons, il étudia le bouddhisme zen. Il devint, dans le même temps, un maître dans l’art de la cérémonie du thé. Maître de thé principal du grand temple de Kyoto, il ouvrit la voie à de nouvelles pratiques dans l’élaboration de la cérémonie. Son approche permettait de révéler la véritable beauté des objets du quotidien. Il s’opposa ainsi à l’esthétisme clinquant et ornemental venu de Chine qui prévalait à cette époque au Japon. Une nouvelle forme de spiritualité qui magnifiait la cérémonie. Cette renommée le propulsa au rang des personnes de pouvoir mais également à sa perte. Il attisa la jalousie et fut contraint de se « suicider » en 1591.
Un film lui a été consacré, « La mort d’un maître de thé » de Kei Kumai en 1989.
L’artisanat à l’honneur
Le wabi sabi est incompatible avec les objets en série. Ici on parle de meubles ou objets uniques, l’accent est mis sur l’artisanat, avec ses petits « défauts » de fabrication.
Fait de matériaux bruts, naturels, sans fioritures, avec des couleurs chaudes, profondes qui invitent à la rêverie et au replis sur soi.
Remettre chaque chose à sa juste place, chaque chose et chacun, car, dans l’esprit wabi-sabi, l’Homme doit aussi retrouver la sienne avec humilité.
Une tendance déco qui s’affirme
On la retrouve de plus en plus en occident, faite de simplicité, de minimalisme, de beauté imparfaite chic et élégante. Abîmés par le temps, les objets anciens, patinés sont souvent laissés « dans leurs jus ».
Un mélange des genres aussi improbable qu’harmonieux.
Comme souvent, les nouvelles tendances partent d’une minorité qui veut se démarquer et lance un courant ultra branché. Un peu partout, on voit apparaître des hôtels à la déco wabi-sabi et qui remportent un grand succès auprès d’une clientèle aisée. Le Greenwiche Hotel Penthouse à New York n’échappe pas à la règle. Il a été décoré par les architectes Axel Vervoordt (belge) et Tatsuro Miki (japonais), et l’un des propriétaires n’est autre que Robert de Niro.
Dans notre société occidentale, les notions de « simple », « basique », « rustique » furent longtemps associés à la pauvreté. Mais depuis quelques années, le fait maison tient la vedette et cet engouement s’accroît d’année en année. Avec lui, le retour à l’authenticité, à l’essentiel est vu comme une évidence, chic et élégant.
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Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Avez-vous un côté wabi-sabi ?
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